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Réforme des retraites : quels avantages pour les femmes

Les femmes sont-elles parmi les perdants ou les gagnants de la réforme des retraites ? Il s’agit de l’une des questions abordées depuis la présentation du projet de loi, qui a été adoptée ce vendredi en Conseil des ministres

Pour répondre à cette question et à une multitude d’autres, le gouvernement a dévoilé ce vendredi une étude d’impact du projet de loi. Un document épais de plus de mille pages qui argumente l’intérêt d’une refonte du système de retraite hérité de 1945 et présente son impact sur l’emploi, le budget et les différentes catégories d’actifs.

Selon le rapport, le futur système de pension universel réduirait l’écart de pension entre les hommes et les femmes de 3 à 5 points de pourcentage. La pension moyenne des femmes nées en 1975 représenterait 88 % de celle des hommes avec ce nouveau système, contre 85 % avec le système actuel. Pour la génération de 1990, la proportion serait de 86 % avec la réforme, contre 81 % sans.

Comment fonctionne ce rapprochement ? Voici les principaux arguments du rapport.

La réforme favorise le travail à temps partiel et les interruptions de carrière, qui concernent principalement les femmes

Les travailleurs à temps partiel (30 % des femmes et 8 % des hommes) bénéficieront de la cotisation minimale, l’une des mesures sociales phares de la réforme. Le système universel introduira en effet une pension minimum pour les travailleurs ayant une carrière complète ou quasi complète à 1 000 euros en 2022, puis à 85 % du salaire minimum à partir de 2025.

Dans le système universel, un assuré à temps partiel de longue durée, par exemple à 80 % du salaire minimum tout au long de sa carrière, recevrait la pension minimale « complète » au moment de sa retraite, dès qu’il atteint l’âge d’équilibre, quel que soit son statut explique le rapport.

Ce minimum peut également être affecté, à partir de l’âge du taux plein – qui reste à établir – sans atteindre 67 ans, l’âge de la suppression de la décote aujourd’hui.

L’effet des interruptions de carrière, qui touchent davantage les femmes, doit également être atténué. Le nouveau système doit en effet indexer la valeur des points sur l’évolution des salaires, et non plus sur l’inflation. Cela permettra aux salariés de mieux valoriser leur début de carrière, un avantage pour les femmes dont les carrières sont souvent moins ascendantes et plus réussies.

Les périodes d’activité les plus courtes peuvent, en outre, être valorisées : alors que le système actuel exige de cotiser par trimestre, le système universel prévoit que le salaire le moins élevé est cotisé.

La réforme prévoit également une aide pour les parents à faibles revenus – bénéficiaires de l’allocation de base Paje (allocation de garde d’enfants), du congé parental (Preparee) ou du supplément familial – qui interrompent leur carrière pendant quelques années alors que leur enfant est encore très jeune. Les frais seront calculés sur la base de 60 % du salaire minimum pendant cette période.

Une refonte des droits familiaux accordés par défaut à la mère

La réforme des retraites modifie les primes allouées aux parents d’enfants nés à partir de 2025. Une augmentation de la pension de 5 % est désormais prévue pour chaque naissance ou adoption à partir du premier enfant, par défaut attribuée à la mère mais partageable entre les parents, et un supplément de 1 % pour chaque parent au troisième enfant. Le système actuel prévoyait une augmentation de 10 % à partir du troisième enfant pour les deux parents.

Ce changement favorise les petites familles, et en particulier les familles monoparentales, dont le parent est le plus souvent une femme – selon l’INSEE, seules 16 % des familles monoparentales ont au moins 3 enfants, contre 21 % en moyenne pour l’ensemble des familles.

Autre mesure destinée, selon le rapport, à combler les inégalités : les majorations seront attribuées par défaut à la mère, même si elles peuvent être partagées entre les deux parents à la demande de ces derniers. Dans le système actuel, les deux parents bénéficient de l’augmentation de 10 %. Mais les pensions des hommes sont en moyenne plus élevées que celles des femmes, et sont donc encore plus gonflées, ce qui creuse encore l’écart.

Intégration du congé de maternité comme période de travail

La sortie, en revanche, les 8 trimestres « offerts » aux mères pour compenser le congé de maternité, auxquels s’ajoutent les droits prévus par les régimes complémentaires.

Dans le nouveau système, le congé de maternité « sera pris en compte comme des périodes travaillées ». Ils permettront d’acquérir des points « à partir du premier jour d’arrêt sur la base des revenus de l’année précédente ». Il en va de même pour le congé de paternité, qui ne donne actuellement pas droit à la retraite.

« C’est une avancée par rapport au système actuel dans lequel les augmentations de la durée d’assurance ne permettent pas toujours d’améliorer le montant de la retraite, car elles ne peuvent avoir aucun effet si un nombre de trimestres suffisant pour bénéficier du taux plein a déjà été acquis en tant que carrière », affirme le rapport. En d’autres termes, le nouveau système donne aux mères de l’argent, plutôt qu’un temps de cotisation à impact incertain. D’autre part, ce système conduira de nombreuses mères à devoir prolonger leur activité jusqu’à l’âge d’équilibre pour éviter toute pénalité, alors qu’elles auraient pu partir à 62 ans autrement.

L’impact mitigé du nouveau modèle de réversion

Enfin, la réforme prévoit une la révision du modèle de pension de survie

qui est versée en cas de décès d’un mari ou d’une femme et qui bénéficie principalement aux femmes.

Le mécanisme a été transformé : il ne s’agit plus de recevoir une partie fixe de la pension du défunt (54 % de sa pension de base et 60 % de sa pension complémentaire), mais de conserver 70 % de la somme des pensions des deux conjoints.

Logiquement, plus le conjoint survivant contribue au salaire du couple, plus le nouveau modèle leur est défavorable. Le rapport cite plusieurs exemples où le conjoint décédé a reçu une pension de 2 000 euros. À pension égale, le conjoint survivant ne reçoit que 800 euros de pension de survie, contre 1 130 euros actuellement. Dans le cas où le conjoint survivant reçoit 400 euros de plus, la réversion est réduite de 120 euros.

Les petites pensions sont-elles les grandes gagnantes ? Pas vraiment, on pourrait conclure à partir d’autres exemples : si la pension du conjoint survivant n’est que de 500 euros, sa pension de survie n’est que légèrement augmentée par la réforme (1 250 euros, contre 1 120 actuellement).

A cela s’ajoute une nouvelle règle qui supprime le droit à la réversion en cas de remariage. Le nombre de bénéficiaires sera ainsi réduit de 7 %. Ce qui continue à alimenter le débat.

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